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L’observatoire varroa est un service mis à disposition par l’ADANA pour ses adhérents. En place depuis 2017 grâce à un partenariat avec l’OVS Nouvelle-Aquitaine, il a pour objectif d’aider les apiculteurs à évaluer l’état sanitaire de leur cheptel et estimer l’efficacité des stratégies de traitements mis en place. Il permet ainsi à chacun d’avoir une vision globale de la santé de ses colonies.

Les campagnes de comptage ont lieu à deux périodes clés de l’année : au printemps et en sortie d’hiver. Les résultats alimentent une base de données qui permet de suivre l’évolution des stratégies de lutte utilisées sur le territoire néo-aquitain. Cet automne passé, la participation de 35 adhérent.es a permis le comptage de varroas sur au total 789 échantillons d’abeilles.

Quels sont les résultats obtenus pour la campagne d’automne 2023, et qu’en retenir ?

 

1.Evolution des types de conduites utilisées au fil du temps

Depuis 2019, les données collectées durant les campagnes de comptage d’automne permettent d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution des types de conduite utilisées par les apiculteurs de Nouvelle-Aquitaine. Il ne s’agit pas ici des proportions d’apiculteur.trices certifié.es AB, mais de la catégorisation des traitements employés pour la lutte contre varroa

Les proportions entre les types de conduites varient chaque année. En 2023, elles étaient à 50 % biologique et 50 % conventionnel, revenant vers les tendances observées en 2019 et 2020 après deux ans d’inversement successif de la balance. La variation entre années s’explique principalement par le fait que le nombre d’apiculteur.trices participant aux campagnes de comptage variant d’une année à l’autre, les proportions de type de conduite varient aussi. 

Il peut cependant être spéculé que le contexte actuel de résistance et d’accoutumance du Varroa aux molécules synthétiques inciterait un passage de pratiques conventionnelles à l’utilisation de molécules comme l’acide oxalique ou l’acide formique, utilisées en apiculture biologique. En effet, à l’automne 2022, 8 apiculteur.trices sur 33 avaient rencontré des échecs des traitements conventionnels sur plus de 50% de leurs colonies, un type de résultat pouvant influencer les stratégies de lutte d’une saison à une autre.

Tableau 1 : Ratio des types de conduites (biologique et conventionnel) utilisés au cours des années 2019 à 2023. n= nombre d’échantillon

2. Varroas Phorétiques (VP) totaux par traitement de fin de saison

Divers traitements ont été appliqués par les participant.es de l’observatoire cette année, mais les principaux restent ceux à base d’acide oxalique et ceux à base d’amitraze. Moins on possède d’échantillons pour une modalité, plus il devient difficile d’interpréter les données. C’est pour cela qu’à partir d’ici les modalités comparées seront celles avec le plus d’échantillons, soit Apivar© (n=345) et LAO (n=242).

Figure 1 : Pourcentage de Varroa Phorétique pour 100 abeilles (VP/100ab) obtenu en fonction des traitements. n= nombre d’échantillon . La droite verte en pointillés matérialise le seuil de 2VP/100ab. 4 valeurs supérieures à 25VP/100ab ne sont pas représentées pour la modalité Apivar. 

Les traitements à base d’amitraze ont été de toute évidence faiblement efficaces à l’atteinte des objectifs cet automne 2023, ce qui a été également ressenti par les apiculteur.trices d’après les retours parvenus à l’ADANA.

En 2022, 70% des échantillons de colonies traitées avec Apivar © (n=115) , et 75% de celles traitées avec Apitraz © (n=60), avaient un VP/100ab inférieur à 2. En 2023, plus de 50% des échantillons traités à l’amitraze, que ce soit Apivar © ou Apitraz ©, ont une charge varroa supérieure à 2VP/100ab. Le contraste également avec les échantillons de cette même année traités aux LAO  est net : pour cette modalité, 50% des échantillons ont un VP/100ab de 0 (ce qui ne veut pas dire 0 varroa dans la colonie) et 86% sont en dessous des 2VP/100ab.

Figure 2 : Comparatif 2022-2023 des pourcentages d’échantillons en dessous du seuil de 2VP/100ab. 

n= nombre d’échantillons

3. Durée du traitement amitraze au moment du prélèvement

A l’automne, un certain nombre des échantillons ont été prélevés en cours de traitement, avant que la durée de traitement à l’amitraze préconisée ne soit complétée, soit entre 10 et 12 semaines selon le médicament.
Lorsque nous séparons les différents échantillons analysés en quatre classes de durée de traitement au moment du prélèvement, nous obtenons les catégories suivantes :

Les colonies qui au moment du prélèvement avaient été mises sous traitement :

  • moins de 6 semaines  (n=19)
  • entre 6 et 10 semaines  (n=121)
  • 10 et 12 semaines  (n=160)
  • plus de 12 semaines (n=43) *avec lanières retirées à la fin de la période de traitement préconisée

Figure 3 : Répartition du nombre de colonies selon leur pourcentage de Varroa Phorétique pour 100 abeilles (VP/100ab), pour les quatre classes de durée du traitement amitraze au moment du prélèvement. n= nombre d’échantillon . La droite verte en pointillés matérialise le seuil de 2VP/100ab.

Nous ne pouvons cependant pas observer de tendance claire, car dans les quatre cas, il y a presque autant d’échantillons au-dessus qu’en dessous du seuil de 2VP/100ab. Les colonies se trouvant à la fin de leur traitement (10 à 12 semaines) en particulier, présentent 72% d’échantillons dépassant le seuil.

Ces résultats permettent d’une part de constater encore une fois cette forte proportion de colonies à forte charge varroa suite à un traitement avec amitraze, et ceci quel que soit le temps passé sous traitement au moment du prélèvement.

Le fait qu’une forte proportion de traitements n’étaient pas finis au moment des prélèvements pour cette campagne de l’automne 2023 ne serait donc pas la cause première de la non atteinte des objectifs aux comptages. On en conclut qu’il est nécessaire de poursuivre la surveillance et la recherche sur les populations de varroa résistantes à certains traitements.

*Attention : Il est primordial de ne pas interpréter ceci comme une justification du non-respect des durées de traitement préconisées par la RCP de médicaments vétérinaires. Il faut également souligner l’importance de réaliser des prélèvements le plus que possible en fin de traitement, afin d’avoir une meilleure visibilité sur son efficacité réelle.

conclusion

L’Observatoire Varroa est un outil de surveillance du territoire néo aquitain vivant grâce à la participation de nos adhérent.es.

Notamment, les résultats obtenus à l’automne 2023 ont déclenché le lancement d’un nouveau projet ADANA pour suivre l’efficacité de traitements contre Varroa, par le biais de tests appelés « test de Pettis ». Ils servent également à rappeler l’importance de suivre l’état sanitaire de ses colonies, avec un accompagnement vétérinaire et dans le respect des bonnes pratiques. 

Au delà de cette utilité collective, la participation à l’Observatoire Varroa apporte un suivi sanitaire personnalisé aux participant.es, bénéficiant ainsi d’avantage d’éléments pour la prise de décisions sur la conduite de leurs ruchers.

 L’Observatoire Varroa se renouvelle cet automne 2024. Participer.

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Valeria Charlier

valeria.charlier@adana-asso.fr